2019 – Un bijou de reconversion

Article de Caroline Dunski, journaliste du Studeo (Magazine de l’Etudiant), Le Soir, 2019

L’envie de retourner vers des métiers manuels titille de nombreux universitaires. L’enseignement de promotion sociale, de jour comme de soir, leur ouvre les portes de la reconversion.


Promue responsable du département haute joaillerie de la maison Cartier, à Paris, la Belge Jeanne Toussaint (1887-1876) est issue d’un milieu économique faible. Ace titre, l’esthète est le symbole de l’acquisition féminine dans un milieu professionnel masculin. C’est donc à dessein que l’Institut de la Parure et de la Bijouterie lui a emprunté son patronyme pour coiffer ses six formations aux professions qui ont pour vocation d’embellir les personnes.

« Dans les sections bijouterie et maroquinerie, nos étudiants sont majoritairement en reconversion professionnelle, note Carole Mengal, directrice. C’est un public assez large, mais à majorité créatif, désireux de retourner vers des métiers manuels et très attirés par la matière. » La section bijouterie accueille 250 étudiants, soit la moitié des inscrits de l’institut, et forme à six métiers de la bijouterie.

A près de 40 ans, Xavier Maury a choisi de réorienter sa carrière. Détenteur d’une maîtrise en biotechnologie et sciences végétales, désireux de s’extraire du monde des OGM et passionné par les pierres, il termine aujourd’hui sa 5ème année de formation à l’Institut Jeanne Toussaint. « J’en suis à ma troisième épreuve intégrée. C’est du costaud. Et le 1er janvier, j’ai créé ma propre entreprise. Il est ambitieux de vouloir vivre de la bijouterie. Cela représente des années d’investissement. »

Rodrigo Saavedra Castillo a opté pour la formation en joaillerie classique après avoir pratiqué la gravure avec diamant du verre et du cristal pendant 25 ans … et après avoir gagné sa vie comme restaurateur. Il prépare aujourd’hui son épreuve intégrée avec laquelle il fera la preuve de sa maîtrise de toutes les techniques apprises pendant les trois années de formation. « En partant de cette école, je disposerai d’une bonne fondation pour exercer ce nouveau métier. Devoir refondre une pièce sur laquelle on a travaillé deux semaines donne une dose d’humilité et de courage. De confiance en soi, aussi. »

Des matériaux abordables

Enseignant la joaillerie, soit l’art de mettre les pierres précieuses en valeur, Alain Roggeman a vu le métier évoluer vers des règles moins strictes et l’usage de matériaux plus abordables. « Les élèves vont tailler un bout de bois ou de plastique pour le sertir avec les techniques de la joaillerie. On peut faire un bijou avec tout. » C’est ainsi que lors d’un festival international de bijouterie contemporaine auquel l’Institut a pris part en Pologne, une étudiante a présenté des bijoux contenant … des cactus !

Maroquinerie

De son côté, la section maroquinerie ne dispose que de 30 places. Depuis qu’Hélène Balle et Annoula Casale ont succédé à l’ancien prof, pour éviter un phénomène « premier arrivé, premier servi », les candidats étudiants doivent remettre un dossier de candidature et être décidés à en faire leur métier. En septembre 2020, un nouveau programme inclura de la recherche et du développement autour de la matière. L’année dernière, Basile Boon remportait plusieurs prix avec son travail de fin d’études, comme deux des Prix Tremplin de BeCraft, l’association professionnelle de promotion des Arts appliqués et du Design. E 2017, il fondait « Peau », son propre studio de création où, profitant de sa double formation en architecture à La Cambre et en maroquinerie, il fait le lien entre artisanat et création.