2020 – Les salons de coiffure peinent à engager: bientôt une pénurie de coiffeurs?

Le Journal télévisé de la RTBF a diffusé le jeudi 19 février 2020 à 19h30 un sujet sur la pénurie de coiffeurs. Ils sont venus interviewer la directrice ainsi qu’une étudiante qui a parlé de son parcours scolaire. Vous retrouverez le lien Auvio ICI. Tous les textes sont tirés du site de la RTBF.

Isabelle Huysen

Nous sommes mardi et le salon de coiffure de Bernard Peeters, à Louvain-la-Neuve, ne désemplit pas. Depuis début janvier, ils sont trois pour satisfaire les clients. Jusqu’à la fin de l’année dernière, il avait dû se résoudre à n’ouvrir qu’à partir du mercredi, faute de personnel. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir cherché : “Ca a été très compliqué. La recherche a été longue, longue et longue”.

Il lui a fallu huit mois avant de trouver la perle rare en la personne de Méjane Feront : “La coiffure est un métier d’art, physique et mental. Il faut savoir supporter, être un peu diplomate, psychologue. Toutes ces qualités-là, tout le monde ne les a pas”.

D’ici quelques mois, Bernard Peeters espère recruter une quatrième personne. Prudent, il a déjà apposé sur sa vitrine l’affichette signalant qu’il est à la recherche d’un coiffeur. Et il est loin d’être le seul dans ce cas. Quelques mètres plus loin, un autre salon est lui aussi à la recherche de coiffeurs. Et son patron tient le même discours : il reçoit très peu de réponses satisfaisantes à son offre d’emploi.

50% d’échecs!

Dans les écoles de coiffure, pourtant, les inscriptions ne sont pas vraiment à la baisse. Nous sommes à l’école Jeanne Toussaint à Bruxelles. C’est une école de promotion sociale qui forme de jeunes adultes pour la plupart demandeurs d’emploi. Cette année, il y a deux groupes d’élèves, composés chacun de 25 personnes.

Mais tous n’iront pas jusqu’à la fin du parcours. Comme nous l’explique Carole Mengal, directrice de l’institut : “On va perdre plus ou moins 50% d’étudiants pour différentes raisons. Ils ont peut-être été mal orientés, mal informés. Il faut savoir que le métier de la coiffure implique une connaissance théorique et une pratique professionnelle. Il y a des étudiants qui n’ont pas conscience qu’il faut avoir ce bagage théorique pour passer en pratique.”

Car il y a des cours de chimie ou encore de biologie. Autant de matières importantes quand il faut analyser le cheveu avant de faire une coloration par exemple. Cela n’a pas découragé Amina qui a encore un an d’études à faire et qui a déjà trouvé du travail.

Un métier en situation critique

Le métier de coiffeur a été officiellement déclaré comme critique. Cela veut dire que les offres d’emploi sont moins facilement ou moins rapidement satisfaites. Sur le site du Forem, nous avons répertorié 204 offres d’emploi! Mais il faut y ajouter ceux qui recrutent via internet ou simplement par affichette. Alors comment résoudre ce problème?

Pour Patrick Dumont, vice-président de la Fédération nationale des coiffeurs belges, le métier ne subit pas seulement un problème quantitatif mais aussi qualitatif : “Le secteur de la coiffure reste considéré comme un métier de relégation, ce qu’il n’est absolument pas. Des jeunes foncent parfois par dépit sans savoir ce qui les attend. Il faudrait peut-être une meilleure adéquation entre ce qui est appris dans les écoles et les attentes des entreprises.”

Du coup, Patrick Dumont plaide pour la formation en alternance qui, selon lui, apporte de meilleurs résultats.

Il y a plus de 21000 salons de coiffure en Belgique. Et leurs patrons espèrent arrêter de se tirer les cheveux quand ils sont à la recherche de coiffeurs.